À compter du 1er janvier 2025, l’interdiction de louer des logements classés G comme résidence principale entrera en vigueur. Cette initiative vise à éradiquer les logements énergivores, mais elle pourrait causer l’expulsion de dizaines de milliers de locataires en Île-de-France. Olivier Princivalle, président de la FNAIM du Grand Paris, souligne les répercussions sociales et économiques préoccupantes de cette décision. Nombreux seront les propriétaires qui, ne pouvant financer des travaux de rénovation majeurs, opteront soit pour la vente de leur bien, soit pour des solutions alternatives comme la
» data-gt-translate-attributes= »[{ » attribute tabindex= »0″ role= »link »>location saisonnière, afin de contourner cette limitation.
Interdiction de location des logements énergivores : une nécessité voire une contrainte
L’interdiction de louer des biens classés G à partir de 2025 s’inscrit dans une démarche visant à réduire l’impact environnemental des logements énergivores. En France, ces biens constituent une part non négligeable du parc locatif. D’après les données de la FNAIM, environ 192 000 logements en Île-de-France sont concernés.
Cette loi impose aux propriétaires de rénover ces logements pour qu’ils respectent les critères de performance énergétique minimaux. Bien que l’objectif soit louable – améliorer le confort des locataires tout en diminuant l’empreinte carbone –, la manière dont cette mesure sera appliquée peut susciter des inquiétudes. L’interdiction s’appliquera non seulement aux nouveaux contrats de location, mais également aux renouvellements et reconductions tacites. En d’autres termes, même un locataire en place depuis plusieurs années pourrait se voir contraint de quitter son logement.
« Cette mesure va certainement générer une tension locative exacerbée et compliquer davantage l’accès au logement en Île-de-France », avertit Olivier Princivalle, président de la FNAIM du Grand Paris.
Un marché locatif sous pression : quelles implications pour les locataires ?
Le marché locatif en Île-de-France fait déjà face à une forte tension, caractérisée par des loyers élevés et une offre limitée. L’interdiction de location des logements énergivores risque de compliquer cette réalité. Pour les propriétaires incapables de réaliser des rénovations, deux solutions se dessinent :
- Vente du bien, ce qui réduirait l’offre disponible pour les locataires.
- Transition vers la location saisonnière, moins soumise à des règlementations strictes.
Dans ces deux scénarios, les locataires en pâtiront. On estime que des dizaines de milliers de locataires pourraient être contraints de quitter leur logement dans les mois à venir. Cela engendre une précarité supplémentaire, en particulier dans des zones où la disponibilité de logements est déjà tendue.
Olivier Princivalle insiste sur le fait que les travaux indispensables ne peuvent souvent pas être réalisés en milieu occupé. Certaines rénovations, tel que l’isolation intérieure, nécessitent des interventions qui affectent des éléments essentiels comme l’électricité et la plomberie. Ainsi, les locataires se trouvent dans l’obligation de quitter temporairement leur logement. Cependant, pour des rénovations plus complexes, leur départ peut devenir permanent.
Les réticences des propriétaires face aux travaux de rénovation
Bien que la majorité des propriétaires partagent l’objectif de lutter contre les logements énergivores, plusieurs obstacles ralentissent l’exécution des travaux :
Coûts prohibitifs et aides insuffisantes. La mise aux normes énergétiques d’un logement classé G représente un investissement conséquent, oscillant entre 20 000 et 30 000 euros. Même si des aides comme MaPrimeRénov’ existent, leur périmètre et leur disponibilité évoluent constamment, engendrant un climat d’incertitude.
Pénurie d’artisans qualifiés. Le nombre d’artisans certifiés Reconnu Garant de l’Environnement (RGE) reste insuffisant face à la demande croissante. Ainsi, même lorsque des propriétaires souhaitent entreprendre des travaux, ils doivent composer avec des délais d’attente considérables.
Complexité administrative. De plus, certains travaux requièrent l’accord de l’ensemble des copropriétaires. Par exemple, pour réaliser une isolation extérieure dans un immeuble, un vote en assemblée générale est nécessaire. Ce processus peut être long et incertain.
Propositions de la FNAIM pour faciliter la transition
- Exemption des renouvellements et reconductions tacites de l’interdiction. Cette mesure offrirait aux locataires la possibilité de demeurer dans leur logement jusqu’à la fin de leur contrat, accorde davantage de temps aux propriétaires pour planifier les travaux.
- Échelonnement de l’application de la loi. Une mise en œuvre progressive, avec des délais prolongés pour les logements déjà occupés, permettrait d’éviter des expulsions massives.
- Création de financements dédiés pour les bailleurs. L’instauration de prêts à taux zéro ou d’aides renforcées spécifiquement destinés aux logements énergivores pourrait faciliter les rénovations.
« Nous ne contestons pas l’importance d’améliorer la performance énergétique du parc immobilier. Nous appelons simplement à ce que les moyens mis en œuvre soient en adéquation avec la réalité du terrain », conclut Olivier Princivalle.
L’interdiction de location des logements énergivores à partir de 2025 pose un défi significatif tant pour les locataires que pour les propriétaires. Bien que la transition énergétique soit une priorité, sa mise en œuvre impréparée pourrait exacerber la crise du logement en Île-de-France. Des solutions existent pour minimiser l’impact de cette mesure ; reste à voir si le gouvernement prendra en compte les voix des professionnels de l’immobilier et des représentants des propriétaires.